Le rythme est inscrit à tous les niveaux de la vie de l’univers, y compris dans le corps de l’homme. Les récitatifs s’appuient sur ce rythme particulier qu’est la respiration.
Le souffle porte le son et par conséquence la parole. La capacité respiratoire va donc marquer la parole et la rythmer, c’est-à-dire affecter son découpage en formules dont la longueur est adaptée autant à l’élocution qu’à la réception de la parole. Si un orateur veut que sa parole soit reçue de façon fructueuse, il veille à son propre débit ; il ménage des silences, des pauses. Ce faisant il respecte la liberté de son auditeur d’accueillir ou non sa parole.
La formule de mots va trouver son parallèle gestuel dans un balancement, pratiqué dans la récitation, et qui s’apparente à celui de la marche. Le corps est souple ainsi que les genoux. La pointe des pieds reste au sol pour garder la stabilité. Les temps forts sont marqués par des coups de talons. Ce balancement forme, à l’intérieur de soi comme un 8, comme le geste réduit de celui qui enfonce des piquets en terre avec une masse : il y a un temps où le corps se ramasse, rassemble son énergie et un temps où il libère cette même énergie. Ce balancement n’a rien de rigide, ou de mécanique. Il reprend le mouvement des vagues de la mer, des arbres ou des voiles soulevées par le vent, le souffle, par l’Esprit…