Une transmission dans une communauté

La Parole de Dieu est transmise par la communauté des croyants. Autrement dit, lorsque nous récitons la Parole de Dieu, nous faisons l’expérience de l’Église, qui reçoit la Parole de Dieu, qui la transmet et la commente.

Dans les groupes de mémorisation, en cours d’apprentissage ou à la fin, un temps est toujours laissé pour échanger, réagir, questionner le texte et chercher ensemble ce qu’il porte. Le point de départ est souvent le geste qui interroge sur le sens des mots. Comme dans toute lecture croyante de la Bible, il y a un va et vient entre le sens interne du texte et le message dont il est porteur aujourd’hui pour la vie des croyants.

L’Ecriture s’adresse toujours en même temps à tous et à chacun : quand la Parole de l’Ecriture s’adresse au « vous » de la communauté réunie, elle le fait en englobant le « tu » de chacun de ses membres et quand elle s’adresse à une personne, elle le fait en ayant en vue sa place dans l’Eglise, elle s’adresse à lui en tant que destinataire de la Parole, en tant qu’inséré organiquement dans la structure communautaire. Enzo Bianchi, Écouter la Parole, Lessius 2006

C’est à ce moment-là aussi que surgit la mémoire d’autres passages de la Bible qui viennent éclairer, élargir des aspects du récitatif appris. L’étude juive des textes bibliques appelle cela « faire son collier », c’est à dire rapprocher des « perles » de la Parole de Dieu pour les faire « jouer » entre elles et approfondir leurs significations.

Il arrive souvent, au sein d’un groupe, de faire des découvertes importantes sur tel ou tel passage récité pourtant depuis de nombreuses années, et ceci grâce à la manière dont une personne le reçoit et réagit. Un commentaire juif compare la Parole de Dieu à l’eau qui vient du ciel : lorsqu’elle tombe sur un cassissier, elle produit du cassis, quand elle tombe sur un olivier, de l’huile et sur la vigne, du vin…. Chacun est interprète dans un sens particulier. Les enfants, les pauvres, ceux qui souffrent, ceux qui ont un cœur ouvert sont d’une importance capitale dans ce domaine car ils ont une « naïveté », au sens étymologique de « nouveauté », qui apporte de la vie et de la fraicheur dans l’interprétation de la Parole.

Un « dimanche autrement » : par une belle journée d’automne, Blandine (7 ans) apprend le récitatif des « Deux maisons » dans la cour de l’école. Tout d’un coup elle s’écrie : « C’est comme Bernard (le curé) nous a dit ce matin à la messe », et elle fait le geste de construire et celui de la maison bien debout. En fait, Bernard avait prêché sur le texte de Paul aux Ephésiens 2,21 : « En lui toute la construction s’élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur….  ». Les images très concrètes de construction et de fondation ont fait faire un bond à la théologie de Blandine et à sa conviction que tout demande à être bâti sur le Christ et sa Parole.