Concrètement…

Il existe plusieurs familles se réclamant des travaux de Marcel Jousse et qui transmettent les récitatifs avec des sensibilités et des options différentes.

Au sein de l’association « Parole et Geste » nous proposons aux personnes d’entrer dans la démarche de la façon qui suit :

Le groupe se tient en cercle, dans un espace dégagé assez vaste pour que chacun puisse aller jusqu’au bout de ses gestes. Si le sol le permet, il est proposé d’ôter ses chaussures, ce qui procure immédiatement une meilleure conscience de ses sensations.

Le transmetteur donne le rythme en faisant entrer le groupe dans le balancement. Puis, il récite en chantant une première « formule » que le groupe reprend trois fois. Ensuite, il propose une seconde « formule » reprise trois fois également, puis tous reprennent en enchaînant les deux formules. L’apprentissage se poursuit en reprenant régulièrement le texte depuis le début. Cela permet de bien mettre en place les transitions et les articulations du texte.

Lors d’une première découverte, les personnes sont souvent déconcertées parce que l’apprentissage se fait avec tous les éléments du récitatif en même temps : la traduction nouvelle, la mélodie, les gestes et le balancement. D’ordinaire, elles abordent la Parole de Dieu en fixant leur attention sur une compréhension intellectuelle. Ici, elles ont une impression de confusion. Mais cette impression s’estompe vite. Avec l’habitude, vient une plus grande aisance et une plus grande rapidité à apprendre, sans vouloir tout de suite tout maitriser.

De nombreuses personnes disent aussi qu’elles n’ont pas de mémoire, qu’elles ne savent pas chanter, qu’elles sont mal à l’aise dans leur corps, qu’elles n’y arriveront pas…. Certes, chacun a des capacités différentes, mais il est alors important de rappeler que la mémoire dont il s’agit ici fonctionne avec d’autres mécanismes qu’une mémoire purement cérébrale. Une personne qui récite peut se découvrir de nouvelles ressources de mémoire !

Les temps de « repos » sont aussi importants que les temps de travail, d’où l’utilité d’avoir « dormi » sur un récitatif. C’est l’occasion de faire grandir la confiance en soi et dans ses aptitudes corporelles et aussi de vivre cette l’expérience nouvelle : la capacité de tout l’être à recevoir progressivement la Parole de Dieu.

À l’issue d’une rencontre, les personnes peuvent aussi avoir l’impression de ne plus rien savoir. Il convient alors de rappeler que la mémoire corporelle a besoin de la répétition pour se mettre en place : habituellement trois séances de travail sont utiles pour finaliser l’apprentissage. Le transmetteur va aussi rassurer, inviter les personnes à être attentives à ce qui se passe en elles dans les jours qui suivent : un geste, une mélodie, une bribe de texte peuvent revenir à la mémoire, à un moment ou un autre, dans telle ou telle circonstance, … et la personne est alors surprise et heureuse de constater qu’elle porte en elle cette Parole telle un trésor caché mais vivant !